Pour la sortie de leur nouvelle campagne, la marque Project X Paris et Yuza Paris ont fait appel au styliste parisien Youth SMHR.
Ayant la même vision de la création, ils savent ce qu’attendent les jeunes. Fini l’élégance stricte et les coupes raffinées. À présent on veut du chic avec une “wild touch”. Le ton est donné, pour la sortie on est sur du “Bad Ass”, mais à la sauce Project X Paris. Le styliste Youth Smhr, étoile montante du street parisien, a apporté sa touche personnelle aux tenues. Focus sur un styliste bercé par le hip-hop et la mode.

 

« - Qui se cache derrière Youth Smhr ? »
J’ai envie d’être reconnu en tant que Youth Smhr. SMHR est un diminutif de mon nom de famille et Youth c’est mon prénom. J’ai 23 ans, j’ai été en école de commerce directement après mon bac. J’ai eu mon master en management de la mode et du luxe et en Août après mon stage de fin d’études j’ai commencé à postuler pour travailler dans une boutique en tant que manager. Je postulais durant un mois et je n’ai rien trouvé. J’ai eu quatre réponses et les quatre réponses ont été « non ».
Après un mois de refus, j’ai commencé à prendre le « non » comme quelque chose qui me stimule. Je me suis donc mis à travailler par moi-même en tant que styliste. J’ai commencé avec les gens autour de moi : avec mon petit frère, ma petite soeur, etc. Et après quelques jours, j’ai eu une première personne qui m’a écrit sur Instagram pour que je lui fasse un look. Et ça a continué comme ça. J’ai vraiment commencé par passion, sans me demander comment j’allais faire pour le financement, pour gagner ma vie ou quoi que ce soit.  C’était vraiment «je fais ce que j’aime ».

 

« - Tu es passé dans le Vogue New York, est-ce une consécration pour toi ? »
C’est vrai que quand on m’a contacté de chez Vogue, c’était trois mois après que j’ai commencé mes photos. Je vais te dire sincèrement… je n’étais pas prêt. Vogue c’est quelque chose d’accès gros, je vais prendre le truc au sérieux. Ça fait plaisir, ça surprend, ça choque, c’est cool, tu es content, mais le but c’est de garder la tête sur les épaules et de te dire qu’aujourd’hui tu as fait Vogue et tu vas continuer à créer encore plus de magie et ne pas prendre ça comme un accomplissement. Rester humble c’est très important. C’est ce que je fais. C’est pour ça que je ne me montre pas, je ne me mets pas en avant. Parce que je fais ça pour les gens au final et pas pour moi.

 

« - Parle-nous un peu de ton concept stylistique et tes codes visuels ? »
Sincèrement je n’ai pas de définition parfaite à mon propre style et à ce que je fais. Je crée, et je suis mes « feelings ».
Tout ce que je vois, tout ce que j’entends, je touche, je sens, me donne de l’inspiration. Et à partir de là, j’essaie de créer à ma façon.

 

« - D'où t'es venu l’idée d'intégrer tes bras dans tes photos ? »
Cette idée en réalité, m’est venue quand j’allais aux toilettes chez moi (RIRE).
Pour se rendre aux toilettes chez moi, il y a un mur qui sépare. Et en gros j’ai attrapé ce mur et je suis revenu toujours en ayant mes bras sur le mur. Et je me suis dit que ce ne serait pas mal si je pouvais mettre mes bras sur les modèles. Et un jour après j’ai intégré mes bras sur mes photos. En fait, l’idée m’est venue de là : j’avais une grosse envie d’aller aux toilettes (RIRE).

« - Es-tu inspiré par la musique ? »
Quand j’étais en fin d’étude, mon mémoire de fin porté sur l’influence de la culture hip-hop dans le monde de la mode.  Parce que les fondements de la culture hip-hop sont créatifs à mort. Et je pense que la musique est un moyen de connecter des gens. On le voit bien, quand il y a un concert, tout le monde est pote, tout le monde s’ambiance sur la même personne. Le sport aussi, c’est un moyen de rassembler les gens. Quand il y a la coupe du monde, on supporte la même équipe, peu importe la couleur de peau, la religion, etc.
La mode aussi est un moyen de connecter des gens. Je sais que je vais pouvoir le faire à ma façon si tout se passe bien, si je continue à bosser. Mais c’est vrai que les codes de la culture hip-hop sont ceux qui se rapprochent le plus de mon travail. Je suis un petit jeune issu de banlieue qui a les nerfs qu’on lui dise non. Qui croit en lui, qui sait qu’il a du talent qui peut faire quelque chose, se créer sa petite place dans ce milieu artistique. À la base, la culture hip-hop c’est un mouvement créatif, même de savant. Je m’identifie vraiment au hip-hop.

 

« - Quels sont les codes dans lesquels tu te retrouves en travaillant avec Project X Paris ? »
Le code majeur dans lequel je me retrouve dans cette marque est le côté street. Je viens de la street et j’y ai grandi. Je ne suis pas un Parisien à la base. J’ai eu une adolescence street. Tout est street autour de moi, je porte des chaussures street. Et cette marque est assez streetwear, mais avec sa propre définition du streetwear.
 
Project X Paris est une entreprise très familiale et ‘friendly’. J’ai passé plusieurs jours à bosser avec la team Project X Paris pour la sortie d’une nouvelle campagne et, sincèrement, les 4 jours n’ont pas été que du travail. Ça a vraiment été une famille et moi j’aime beaucoup travailler dans cet esprit-là, familial. C’est là où tu produis plus au finale. J’y ai fait des rencontres, on a travaillé dans la bonne humeur, on était tous là pour la même chose : créer de la magie et c’est ce que j’ai apprécié.

« - Comment se passent habituellement tes relations avec tes modèles ? Est-ce un échange mutuel ? t'adaptes-tu à leur style de base pour créer des nouveaux looks ? »
En général, tous les modèles me contactent via Instagram pour shooter.  J’ai déjà contacté deux trois modèles, mais en général c’est eux qui me contactent.
 
Je suis du genre à dire que la mode est pour tout le monde. Je n’ai donc pas besoin de modèle d’1m80, 50 kilos, blonds. Non. C’est pour ça que sur Instragram je travaille avec des modèles de toutes origines, tout poids et taille. Et à partir de là c’est simple. J’aime l’efficacité et la simplicité. Si j’apprécie ton profil, on shoot. Le modèle me donne sa taille, sa pointure et rien d’autre. Moi après je regarde les photos sur Instagram, le gabarit, je prépare un look spécifique au modèle.
On fait le shooting, si les photos sont belles, on les poste mutuellement. J’essaie vraiment te tisser des liens d’amitié et de confiance avec mes modèles.

 

« - As-tu une anecdote à nous raconter sur ton dernier projet : collab avec Project X Paris et Yuza ? »
Oui (rire) ! En vrai Khléopatre c’était un modèle avec qui j’avais déjà parlé auparavant et ça ne s’était pas très bien passé. Par rapport à diverses raisons.
De la voir sur ce projet là, je me rappelle avoir été pessimiste même limite me dire « Ah, mince, je ne veux pas travailler avec elle ». Mais finalement je me suis dit « non, tu ne connais pas cette nana, tu ne lui as parlé que sur Instagram. Peut-être que tu vas te faire une idée différente d’elle ».
Et il s’avère qu’en travaillant avec elle sur ce projet, cette fille-là est vraiment tout le contraire de ce que je pensais. Elle est adorable, gentille, simple et elle travaille très bien.
J’ai mis ma fierté de côté et j’ai vu que c’était un super modèle. Ça m’a servi de leçon d’avoir des préjugés bidon sur des personnes que je ne connaissais pas.

 

« - Quels sont tes projets en cours ? » 
Secret défense (rire), j’ai un gros projet personnel qui va arriver. Je ne peux pas en parler.
Je peux dire une seule chose : je prépare une bombe ;)

http://www.rap2france.com/news-interview-du-styliste-parisien-youth-smhr-2925.html

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